Association universitaire d'études drômoises
L'AUED est une association reconnue d'utilité publique qui édite Études drômoises, la revue du patrimoine de la Drôme

Les fêtes dans la Drôme

par AUED

Par divers auteurs

Études drômoises n°4 (décembre 2000)

Résumé d’après l’article

La fête dans la Drôme par A. Friche

La Fête traditionnelle est liée au calendrier, au rythme des saisons, au cycle agraire et aux pratiques religieuses.
Depuis la deuxième guerre mondiale, si on observe la disparition des anciens repères politiques, religieux, sociaux, administratifs et des rites, on garde la nostalgie des anciennes fêtes et des racines. La fête hésite entre tradition, commerce et tourisme.
On voit apparaître de nouvelles formes de fêtes et on les confie parfois à des professionnels. En tout cas, la fête crée des liens et elle permet de se dépasser ; elle sait s’adapter et prendre une dimension européenne.
Décadence ou mutation ? Rupture ou continuité ? En tout cas, les fêtes restent nombreuses dans la Drôme.

 

Une tradition de fêtes : les fêtes à Valence au XVIIe siècle par A. Balsan

Louis XIV a développé, pendant la première moitié de son règne, un goût très fort pour les fêtes mais il y a un fossé entre les fêtes parisiennes (ou versaillaises) et celles de province.
La fête est avant tout religieuse (processions des confréries et corporations). L’article évoque les exercices sportifs (le tir), les feux de joie lors des événements nationaux, les fêtes lors des visites de grands personnages, les représentations théâtrales (le mystère des trois martyrs est représenté sur le parvis de la cathédrale Saint-Apollinaire).
La jeunesse organise des fêtes plus appréciées par les cabaretiers que par les bourgeois…

 

La fête des bouviers par A. Friche

Pendant le repos hivernal, des villages organisent des fêtes qui durent trois jours en janvier ou février. C’est prétexte à banquets et rencontres. On prépare les chars fleuris en famille. On élit pour un an une dynastie de fantaisie : couple royal, dauphins, barons. Le samedi, défilé de chars et bal, on mange des bugnes préparées par la reine, on boit du vin blanc offert par le roi. Le dimanche, on bénit la pogne à la messe, et il y a, à nouveau, défilé de chars et bal. Le lundi, on choisit le nouveau roi et le roi détrôné devient, pour l’année, le Bacchus.
Le XXe siècle voit quelques arrangements (le triomphe est transporté en automobile), la fête est parfois réduite au week-end mais la convivialité reste la même…
L’article, illustré de 3 photos, est complété par un poème sur la fête des Agriculteurs à Alixan en 1933.

 

La fête des laboureurs au pied du Vercors par A.-M. Granet-Abisset

Les fêtes traditionnelles, qui existaient au début du XIXe siècle, ont été réactivées depuis 1880 et, encore aujourd’hui, entre janvier et mars, elles animent plusieurs villages situés au nord-est de la plaine de Valence Romans.
Malgré l’évolution des sociétés rurales, elles gardent un certain nombre de caractères et de comportements. Ce sont des fêtes d’hiver placées sous le double patronage de Saint Bernard et de Saint Vincent, patrons des vignerons et leur espace géographique correspond à l’aire d’extension des relations familiales ou amicales.

La fête des Laboureurs est une fête laïque sous contrôle : placée sous la direction d’un Président coopté par le Président précédent et intronisé officiellement lors du banquet du lundi ; le Président en exercice est déchu le quatrième jour et devient le Bacchus, chargé d’animer la fête. Placées sous le patronage de deux saints, ce sont en réalité des Fêtes de Laboureurs malgré les efforts de l’Église pour les encadrer.
Le temps est suspendu pendant quatre jours : auparavant une bonne partie des habitants prépare, en veillée, les chars fleuris.
Les fêtes constituent le temps fort d’une sociabilité partagée entre générations, où peuvent s’intégrer les néo-résidents à activité professionnelle urbaine dans cette région proche de Valence et de Romans. La fête mêle les espaces privés et les espaces publics de la rue et du café. Le café y joue un rôle essentiel, sorte d’oasis permissive.
La fête est le moment de la tolérance collective et des défoulements qui restent encadrés et dont les femmes ne sont pas exclues, participant au dessert du banquet et au bal. La fête est le témoignage de l’ancrage des festivités du monde paysan.
L’article comporte 20 notes bibliographiques et il est illustré de 4 photos sur la fête entre les 2 guerres.

 

Le carnaval d’antan à la chocolaterie d’Aiguebelle (Donzère) par M. Reynaud

Entre les deux guerres, des défilés de chars fabriqués à la chocolaterie animent pendant une dizaine d’années les rues de Donzère le jour du Mardi-Gras. Les chars étaient tirés à bras ou tractés par des autos, des motos et même des vélos !…
L’article est illustré de 3 photos.

 

Un demi-siècle de fêtes à Cléon-d’Andran par G. Sauvan

La fête des Laboureurs est tombée en désuétude entre les deux guerres. En 1946 les jeunes du groupe l’Alouette des Andrans met en place la fête des matous (les célibataires) et des cornards (les jeunes mariés) le jour de l’Ascension. À partir de 1947, c’est le Corso en chansons avec des thèmes variés : le rattachement du Dauphiné à la France ; le passage d’Émile Loubet ; le Dauphiné ; Napoléon ; le millénaire des Capétiens ; le Bicentenaire de la Révolution ; Alphonse Daudet ; la Drôme Provençale ; Marcel Pagnol.
Depuis 1995, le Corso est remplacé par les Fêtes Provençales.
L’article, illustré de 5 photos, est complété par 2 poèmes de l’auteur (1947 et 1995).

 

La première fête du Rhône en 1931 par F. Monteillet

À partir de 1926, l’Union Générale des Rhodaniens met en place les fêtes du Rhône, sorte de culte-souvenir du fleuve… au moment où il achève de perdre tout rôle économique avant les grands travaux de correction de la deuxième moitié du XXe siècle.
Il y eut trois jours de fêtes ininterrompues les 13, 14 et 15 juin 1931 malgré une tension entre l’Union Générale des Rhodaniens et la Mairie de Valence : retraite au flambeau ; éclairage de Crussol ; défilés ; spectacles musicaux ; grand cortège du Rhône avec des fleurs jetées dans le Rhône et soulignant le rôle fédérateur du Rhône ; plantation de l’arbre de l’amitié rhodanienne au Parc Jouvet ; bals…
L’article est complété par un témoignage d’Émile Boissier, jeune choriste de 1931, et illustré de 3 photos.

 

Les caprines en Val-de-Drôme par J.-M. Gascoin

C’est un pari ! Marier culture, agriculture et ruralité. Le picodon est la production emblématique du Val de Drôme (et aussi des pays de Bourdeaux et de Dieulefit). La chèvre est l’animal identitaire d’un territoire qui va de Plan-de-Baix à Bouvières, de Livron à Saillans.
La fête des Caprines, au printemps, est une fête tournante entre divers lieux : la Tour de Crest en 1996 ; Chabrillan en 1997 ; Bourdeaux en 1998 ; Beaufort-sur-Gervanne en 1999 ; une douzaine de villages du Val de Drôme en 2000.
Depuis 1997, la journée des Palabres est ouverte aux chevriers. On projette même l’ouverture d’une Maison des Caprines…
« Les Caprines ne sont ni une foire ni un festival, ni un spectacle, mais une formule originale et inédite, entre culture, agriculture et ruralité, autour d’un thème fédérateur, la Chèvre, thème fédérateur et identitaire d’un pays, le Val de Drôme. »
L’article est illustré par 8 photos couleurs réalisées par Brigitte Kohl, Montclar-sur-Gervanne.

 

Côté rue : la chèvre dans tous ses états par J.-N. Couriol

La chèvre est un animal aussi mythique qu’universel.
Domestiquée au Moyen Orient depuis 8 000 avant Jésus-Christ, elle s’est installée en Drôme depuis la protohistoire. Le « menu bétail » est fréquemment cité au Moyen-Âge (la famille de Chabrillan a une tête de chèvre dans ses armoiries !)

Sous l’Ancien Régime, la chèvre est jugée responsable de la déforestation mais elle demeure présente malgré les interdictions officielles. La Révolution supprime ces interdits et le troupeau de chèvres augmente. Si la chèvre est animal de boucherie, elle compte surtout par son lait.
« La chèvre est omniprésente dans le paysage drômois. La chèvre et son image, car l’animal adore être représenté » : 18 illustrations présentent les panneaux au bord des routes, étiquettes de fromages de chèvre aux différentes appellations (fromage de chèvre fermier, Picodon de la Drôme et de l’Ardèche, Picodon méthode Dieulefit) la chèvre est célébrée par des fêtes (fêtes du Picodon à Saou et Dieulefit ; les Caprines dans la région de Crest depuis 1996).
« L’image de la chèvre tient aujourd’hui une place de choix dans les festivités drômoises. Et c’est justice, car contrairement à la vache aux larges pupilles et au mouton, toujours le nez dans l’herbe, la bique est un animal sociable, espiègle, rieur et volontiers joueur. »

 

Gloire à l’olivier ! Alicoques et olivades dans le Nyonsais et les Baronnies par G. Faravel et J. Laget

L’olivier, arbre sacré pour les Méditerranéens et les Provençaux, ne pouvait que devenir arbre de fêtes.
En février, depuis 1985, on célèbre l’Alicoque où on déguste les croûtons de pain frottés d’ail et d’huile d’olive pour célébrer l’huile nouvelle ; il y a aussi des danses, des visites de vergers, un aïoli monstre.
En juillet, ce sont les olivades, cérémonie-culte de l’olivier, créées par la Confrérie des Chevaliers de l’olivier née en 1964.
L’article comprend 2 photos, un programme des olivades 2000 et deux extraits de presse.

 

50 ans de fête de la lavande à Lesches-en-Diois par S. Beaumier

Cette fête, célébrée le 15 août, existe depuis 1953.
Des fêtes traditionnelles existaient dans la première moitié du XXe siècle ; la désertification et la guerre les ont fait disparaître.
Organiser une fête en 1953 est un véritable défi dans ce village haut perché, d’une centaine d’habitants à cette époque mais Lesches n’accepte pas la fatalité de la désertification. Une petite équipe de pionniers veut organiser une manifestation originale : ce sera la fête de la lavande associée à la pratique religieuse et unissant le curé et le pasteur…
La préparation de la fête est très active et conviviale, associant habitants et municipalité. La fête attire les notables drômois. La fête est joyeuse : messe ; défilés de bergers avec leurs troupeaux ; distillation de la lavande ; interventions de groupes folkloriques ; bal ; attractions diverses et surtout le feu d’artifice.
La fête qui attire de nombreux visiteurs (10 000 en 1992) est de plus en plus difficile à organiser : en 1992 – 1993, devant les exigences en matière de sécurité, on supprime certaines attractions et le feu d’artifice.
Malgré la concurrence d’autres fêtes dans les communes, la fête de Lesches reste bien vivante, même si le public a changé et si les programmes évoluent ; et le feu d’artifice est rétabli en 1998…
L’article est illustré de 8 photos et 3 extraits du Journal du Diois enregistrent l’évolution de cette fête.

 

La fête des haricots à Chamaret une fête bicentenaire par P. Charransol et J. Boissier

Le lundi qui suit la Saint-Barthélémy (24 août) une farandole, entraînée par des musiciens perchés sur une remorque tirée par un tracteur, se déroule entre le village et le quartier des Piaunes ; ensuite c’est un repas de haricots.

Cette fête est née en 1793, lors du partage des terres communales du quartier des Paluds entre les habitants qui y cultivèrent des légumes, dont des haricots qui sont devenus le symbole de la fête de Chamaret.
L’article reconstitue par ailleurs les temps forts de la mise en valeur du quartier des Paluds :
– l’assèchement des marécages du quartier des Paluds à l’époque romaine, lors de la sédentarisation en Tricastin de vétérans romains démobilisés : le territoire fut découpé en centuries et un cadastre fut relevé (conservé à Orange) et des villae romaines y étaient installées.
– en 1539 la communauté de Chamaret rachète les Paluds au baron de Grignan.
– le 24 août 1793, chacun des 375 habitants de l’époque en reçoit 114 m².
Un extrait du journal l’Aïoli décrit la fête de 1892. 13 photos présentent les différents aspects de la fête actuellement.

 

La Saint-Ferréol à Crest de 1850 à 1920 par R. Serre

Saint Ferréol, patron de la ville de Crest, vivait au IIIe siècle après Jésus-Christ à Vienne. Une chapelle Saint-Ferréol existe encore à Crest.
Au début du XIXe siècle les agriculteurs se donnaient rendez-vous pour commercer à Crest le 18 septembre : c’était déjà l’occasion de quelques festivités. La fête prend un caractère plus organisé vers le milieu du XIXe siècle et ne prend un caractère officiel qu’à partir de 1851. Après quelques hésitations, la fête est fixée au 18 septembre ou au dimanche qui suit.
Très tôt on utilise la publicité par affiches.
Le feu d’artifice est le clou de la fête (on fait appel à un artificier de Vaison, Hyppolite Plantevin à partir de 1874). Les groupes musicaux prennent une part grandissante dans la programmation de la fête. Buvettes, jeux, manèges attirent les foules ; des jeux divers sont organisés.

La fête comprend aussi des épreuves et spectacles sportifs : gymnastique, tir, courses cyclistes ou pédestres, concours de boules. Il faut bien recevoir les visiteurs : aussi on fait de sérieux efforts de décoration.
Il y a parfois des attractions sensationnelles : le ballon gonflé de l’aéronaute Eugène Godard ; l’Indien D’Jelmako traversant la Drôme sur un fil ; une corrida en 1905 ; le cinématographe en 1908 et 1909 ; une exposition d’aéroplanes en 1911.
La Saint-Ferréol était donc un événement considérable dans la vie locale, apportant des réjouissances et des occasions d’émerveillement malgré d’inévitables incidents.
La fête connaît toujours le succès – a-t-elle conservé la même âme ?
L’article illustré par 10 photos, est accompagné d’un poème en l’honneur de la Saint-Ferréol.

 

Gilles Rhodes et Brigitte Burdin, amuseurs professionels ? par A. Friche

La Compagnie Transe Express, créée en 1982, est basée à Crest. À sa tête un couple : Gilles Rhodes, plasticien, musicien, metteur en scène, et Brigitte Burdin, danseuse. Un itinéraire exceptionnel pour des artistes hors normes. Tout le monde se souvient des tambours qui s’envolaient dans les airs aux jeux olympiques d’Albertville en 1992, de la grande parade des Champs-Élysées le 31 décembre 1999, de la folle entreprise de lâcher de violons en 1999. Transe Express a sillonné l’Europe et l’Asie mais n’oublie pas d’animer les petites fêtes villageoises de la Drôme…
L’article est enrichi de 6 illustrations.

Carnaval de la chocolaterie d’Aiguebelle. Défilé de chars. Photo prise vers 1930
La fête des bouviers à Alixan en 1908 (Collection Georges Friche).)
Le "triomphe" porté dans les fêtes traditionnelles par 4 anciens présidents. Collection privée Ollier, 1929.
Carnaval à la chocolaterie Photo prise vers 1930 par Eugène Ehlinger
Cléon d'Andran Le char de la reine du corso et de ses dauphines en 1985
6è fête du Rhône, Valence, juin 1931. Col. Ajuston, fonds Mémoire de la Drôme 17 MD AJU4
Fête des Caprines à Beaufort-sur-Gervanne, 1999. Photo Brigitte Kohl.
Affiche sur la fête du picodon à Saou en 2000
Panneau en bordure de chemin
Étiquette de fromage de chèvre
Distillation de la lavande "à l'ancienne" Beaumont-en-Diois, en 1970
La farandole, qui parcourt les rues du village et les proches environs (1975)
Le manège de chevaux de bois

Ce site utilise des traceurs (cookies) afin d'améliorer votre expérience de navigation. Si vous les acceptez, cliquez sur "Accepter". Pour en savoir plus et paramétrer les traceurs, cliquez sur "En savoir plus". Accepter En savoir plus

error: Ce contenu est protégé !